"L'hôtel de Tourrel dispose de deux restaurants, l'un étoilé et le rooftop. C'est le second que nous avons choisi pour fêter nos noces de Bois.Terrasse dotée de douze places assises, ce rooftop offre une magnifique vue sur les toits en tuile de Saint-Rémy (et leurs antennes râteaux à l'ancienne) et sur le clocher et le dôme de la Collégiale Saint-Martin. De surcroît, on assiste au coucher de soleil donnant au ciel des couleurs roses et mauves. La musique jazz lounge apporte un cocon auditif paisible auquel se joint le roucoulement citadin des pigeons et colombes.Côté ameublement, il y a une particularité : les clients mangent côte à côte sur des banquettes confortables et larges, en face desquelles se trouve un plateau en fer grainé personnel qui se rapproche grâce à des bras dépliables. Un petit olivier et une lampe dorée servent de décor. Set intissé, couverts Christofle, flûte monogrammée Roederer pour le champagne, serviette en tissu blanc immaculé, petite assiette creuse pour verser une huile d'olive qui nous est présentée comme du vin,... tout est fait pour que le client se sente à l'aise.Deux serveuses sont en charge de la terrasse. Maîtrisant l'anglais à la perfection, elles prennent le temps de discuter avec les clients et de répondre à toutes les questions posées.Nous avons pris un apéritif sous forme de champagne Roederer pour mon épouse, de vin blanc Fontchêne, un domaine de Saint-Rémy de Provence, pour moi. Le vin blanc a tenu ses promesses de vin sec et exprimant sa saveur au début de la gorgée. De plus, le verre était généreusement rempli.Trois amuse-bouche par personne ont été apportés : une focaccia au thym avec quelques grains de gros sel, ayant une texture de brioche ; une tartelette sablée sur laquelle se trouvait une capsule de tomate fraiche et juteuse ; une cuillère de crème d'oignon pour moi et de tartare de toro pour mon épouse.Le menu rooftop est unique. Toutefois, lorsque j'ai réservé, j'ai pu faire part de ma volonté de ne pas manger de viande (d'où la cuillère de crème d'oignon) et il m'a été demandé si nous avions des allergies. En somme, le menu est adaptable.Le dîner a commencé par une assiette de carpaccio de mulet saupoudré de piment d'Espelette, de ronds de concombre et de pomme verte, ainsi que quelques morceaux de radis. Ainsi, à la souplesse du poisson se mélangeait le croquant du radis et du concombre, auquel s'ajoutait l'acidulé de la pomme verte. Une belle équation en bouche, fraîche et de saison.Une seconde entrée était constituée d'un cœur de tomate fumé agrémenté de morceaux de cerise et de basilic. Sur le côté de l'assiette, un petit étang de consommé de tomates sur lequel un filet d'huile d'olive a été versé en direct, apportait une déclinaison bienvenue.Deux entrées rafraîchissantes ont donc précédé le premier plat de résistance composé de deux gambas posées debout sur du riz de Camargue baignant dans une bisque à l'estragon. Les gambas étaient charnues. Leur carapace n'avait pas été frite, elle ne se mangeait donc pas. Le riz était très légèrement croquant et la bisque le relevait de manière intelligente. Quelques morceaux de poivron venaient enrichir l'assiette.Le second plat était un filet de dorade et sa peau grillée, accompagné d'une purée de fenouil artistiquement présentée sous forme d'une virgule. Du fenouil fumé était également présent. A la base, je ne suis pas fan de fenouil car son goût anisé me dérange. Pourtant, celui-ci était tellement bien fumé que je n'ai pas senti cet arrière-goût en bouche. Je m'en suis même régalé, à l'instar de la dorade parfaitement cuite. En revanche, et le bémol est d'importance, la purée de fenouil était tiède voire froide à la fin. Dans un restaurant de ce standing, cela est anormal et je n'ai que peu apprécié la purée. Sachant que les clients mangent dehors, faire chauffer les assiettes comme cela se fait dans nombre de restaurant est un minimum.Le dessert m'a un peu fait oublier cette déconvenue sur l'instant : nous avons eu le droit à un crumble de noix déstructuré sur lequel des tranches de pêches (ou de nectarines) rôties avaient été déposées. Les saveurs de thym et de miel prédominaient ce dessert sucré gourmand. Toutefois, pour équilibrer ceci et ne pas faire oublier le fruit, un sorbet yaourt de pêche fondait sur le crumble. L'équipe avait pensé à poser une bougie dessus pour symboliser notre anniversaire de mariage, une attention touchante.Il faut ajouter à tout ceci un pain de campagne au levain (sauf erreur) de grande qualité. A la mie très peu alvéolée, il était servi sous forme d'une petite miche divisée en quatre. Croustillant, il pouvait se tremper dans une huile d'olive locale au goût affirmé.Un thé est venu conclure le dîner. J'ai apprécié le service coloré type bohème dans lequel il a été servi. Je ne me souviens plus de la marque en revanche. Il ne s'agissait ni de Dammann, ni de Mariage Frères. Je sais simplement que le thé vert était très bon et que j'aurais pu en faire au moins quatre tasses (je me suis arrêté à trois).Mon épouse a pris un café et, là, second bémol (souligné au moment du paiement de l'addition), le café est arrivé tiède ! A l'instar de la purée, dans un restaurant de ce standing, ce n'est pas normal. Dommage car avec les boissons nous ont été apportées deux madeleines chaudes et souples très agréables.Vu que je viens de parler de l'addition, autant en parler. Le dîner est à euros. Avec les consommations (une coupe de champagne, quatre verres de vin et une bouteille d'eau), le dîner nous est revenu à euros. Ce tarif vient me conforter dans la justification des bémols. Mais je retiens surtout le service impeccable, le lieu magique, la qualité de la nourriture, la quantité fort raisonnable, la vue imprenable, la quiétude de la terrasse, le fait que ce qui est annoncé sur le menu se retrouve dans l'assiette, bref, je retiens un très bon moment que je vous conseille de découvrir."
Ramen
