"Le Bistrot de Malfourat est souvent associé au restaurant étoilé Michelin La Tour des Vents. À partir de là, nous nous attendons à une formule qui, bien que nous puissions l’imaginer, ne sera pas de la qualité d’une étoile Michelin, mais qui démontrera un souci des exigences et de la qualité. De nombreux chefs étoilés s’engagent également dans ce type de double proposition (par exemple, Olivier Nasti avec une winstub brasserie en face de son restaurant étoilé à Kaysersberg). Malheureusement, ce n’est pas le cas ici.
Le ton est donné dès l’entrée où un porte-manteau est prévu pour vos vestes, et le détail des cintres dépareillés attire l’attention (nous comprendrons plus tard la raison de ce porte-manteau). La zone des toilettes se trouve en face de l’entrée, et un coin est placé sous la porte, permettant ainsi de voir les commodités. En entrant dans la salle, une très grande pièce, avec un podium au fond, l’impression immédiate est celle d’un grand repas de mariage, on s’attend presque à chercher la table de la mariée. Mais non, c’est un Bistrot. Mais par quel tour de magie intellectuelle ceux en charge de l’établissement ont-ils pu imaginer cet intitulé “Bistrot” ? (Ils tapent Bistrot dans Google Images). Là, je me sens un peu dupé.
Continuons. Nous sommes assis à une table basse. Oui, une table de salon ? Pour prendre un verre avec des amis dans le cadre accueillant d’un grand hôtel, pourquoi pas. Mais là, une table basse dans un restaurant, placée dans une grande salle ? Je demande gentiment s’il est possible de changer, mais malheureusement, il n’y a pas de tables normales de disponibles. La vue est superbe, dominant Bergerac. En regardant autour de moi, je remarque immédiatement le banc de nos voisins, constitué de plaques de contreplaqué assemblées, tachées, sur lesquelles sont posées des coussins. Sommaire.
Pour atténuer cette impression de salle des fêtes, quelques paravents entre les convives sont disposés, ainsi que des étagères en fer sur lesquelles figurent des plantes vertes, très, très fatiguées… cela fait de la peine pour elles. J’en ai parlé à la réception du restaurant, la jeune femme m’a expliqué que c’était le retour de vacances, et donc que les plantes n’avaient pas été entretenues ou arrosées. Je sens qu’elle est désolée, mais c’est la responsabilité de la direction.
Maintenant que vous savez que nous avons affaire à une grande salle des fêtes, je vous laisse imaginer l’acoustique. Quelques panneaux sont placés au plafond pour limiter la résonance, mais en vain. Vous vous souvenez de la cantine scolaire, du bruit ? Nous n’en sommes pas très loin. Comme si cela ne suffisait pas, une volonté d’imposer une ambiance sonore de type disco se fait sentir, il me semblait qu’on allait pousser les tables sur les côtés pour faire place aux danseurs. Eh bien, nous étions là pour manger, les plats étaient agréables sans être transcendants, rien à redire sur ce point, ni extase ni déception.
Pour le vin. Nous sommes à Monbazillac, un lieu emblématique comme tant d'autres en France pour les amateurs de vin. Premier verre offert, un vin blanc sec de la région, rond, très agréable à boire, j’en suis très satisfait. Pour accompagner un plat, je choisis un Riesling (allemand), au verre. Mais en fait, je découvre qu'il ne s’agit pas vraiment d’un verre, mais d’une bouteille capsule, dosée pour un verre. Je vais passer pour une personne difficile, mais que diable est-ce que… c’est un niveau zéro de service du vin. Les vins ne peuvent pas être correctement stockés, le serveur ne fait preuve d’aucune générosité. Je veux bien comprendre que le commerce, c’est le commerce, mais là… Le résultat ne s’est pas fait attendre, le vin était très moyen. J’ajoute qu’il a légèrement mousse, mais cela était dû à une plongée plutôt rapide, je pense.
Voilà, une grande déception. Le personnel a fait de son mieux, nous savons combien il est difficile de recruter. Je me rendrai plus tard à la Tour Étoilée des Vents, nous verrons. Mais s'il vous plaît, messieurs les responsables de l'établissement, ne l’appelez pas Bistrot, et ne l’associez pas à votre restaurant gastronomique. Choisissez votre voie, mais pas cette chose improbable."
