"Beaucoup d'hésitation entre le 3 et le 4 pour noter l'Auberge du Moulin d'Eaucourt. Rien à reprocher effectivement aux plats dégustés qui étaient bons et bien dressés. En revanche, beaucoup d'agacement sur un certain nombre de points qui, au final, suscitent doute et perplexité sur le standing et la recommandation qu'on peut faire du restaurant. En premier lieu, l'accueil. Inexistant ou quasi-inexistant reposant entièrement sur les frêles épaules d'une jeune serveuse fraîchement arrivée. Où est la patronne ? Dans un restaurant de standing recommandé par le Guide Michelin, le Routard et le Petit Futé, c'est un premier sujet d'étonnement. Le service : entièrement assuré par l'unique jeune serveuse du restaurant, totalement inexpérimentée. Beaucoup de gentillesse et de bonne volonté mais totalement incompétente pour renseigner le client sur les plats à la carte. A chaque question posée, une réponse invariante : "Je ne sais pas, je vais demander au Chef" "Je suis une jeune serveuse, je viens d'arriver et je ne sais pas". Aucune excuse recevable ! Qu'il y ait une difficulté pour répondre à une question, ça peut se concevoir mais systématiquement, ça finit par gonfler sérieusement. Pour un restaurant de ce standing, ce n'est pas acceptable. Idem pour l'énonciation des ingrédients au moment de servir les plats : hésitation, bafouillement, confusion. On frise le pathétique.La cuisine, enfin. Le mot du Chef en préambule à la carte, c'est une bonne initiative. Ca prouve qu'il n'y a pas qu'un savoir-faire mais qu'il y a une philosophie qui le sous-tend. Mais sur la forme, s'il vous plaît, relisez-vous car il y a des fautes d'orthographe et on en vient à douter que le Chef est un homme. Sur le fond, je suis plutôt d'accord avec l'idée de produits locaux saisonniers issus de l'agriculture raisonnée. Mais je suis très étonnée qu'un restaurant puisse revendiquer que ses viandes proviennent d'un abattoir. Je n'ai jamais vu ça et à mon avis, c'est plus qu'une maladresse de fond. On revendique des produits issus d'un élevage spécifique parce que cet élevage travaille selon tel ou tel mode et s'inspire de telle ou telle philosophie de production, présente telle ou telle garantie. Mais un abattoir? Les abattoirs sont des mouroirs pour les animaux, avec une réputation souvent mauvaise et reçoivent des bêtes de toutes provenances. Deuxième très sérieux sujet d'étonnement.Troisième sujet d'agacement : à peine installés à table, on vient nous dire qu'on ne peut pas nous servir parmi les plats en entrée, deux plats sur les 5 présentés. Au moment de la commande du dessert, on nous met devant le fait accompli donc sans nous avoir prévenu qu'il n'y a plus de fruits au vin sur savarin. Bref, si on vient dans un restaurant qui, sur une carte restreinte, nous informe qu'il y a la moitié des plats de non disponibles, quel est le choix du client?Quatrième point très important : le poisson du jour est un saumon (la serveuse ne savait même pas répondre à cette question : quel est le poisson du jour?) et à une question que nous posons, on nous répond que le saumon est d'élevage. Quid de la qualité du produit? de la traçabilité? de l'approvisionnement local? En outre, pour un restaurant gastronomique de standing, on ne peut pas présenter du saumon d'élevage ni en plat du jour ni à la carte. C'est nécessairement du saumon sauvage. Le saumon est un des produits les plus trafiqués, les plus frelatés. Une démocratisation de la consommation au prix d'une baisse de qualité drastique. Poissons nourris aux farines animales ! Je ne mange JAMAIS de saumon d'élevage, un produit pourri dans la chair et pourri parce qu'il empoisonne l'environnement et ruine les petits pêcheurs. Alors, un petit peu de hauteur de vue et de cohérence !Enfin, dernier point qui a fini de me convaincre qu'il y avait un truc qui tournait vraiment pas rond : le bonbon Haribo en accompagnement du café ! Alors là, c'est trop. C'est la goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà bien plein. Comment peut-on oser dans un restaurant gastronomique recommandé au Michelin, proposer une boule nocive couleur fuchsia (une couleur très naturelle, n'est-ce pas?), une boule de napalm qui vous ronge l'estomac? Sans compter la publicité gratuite pour des produits chimiques nocifs de grandes multinationales qui ruinent le petit commerce.Vous comprenez maintenant pourquoi j'ai des doutes profonds sur la philosophie même du restaurant et j'en ai encore plus sur la capacité du Michelin et des autres guides à évaluer objectivement un établissement, à proposer une recommandation crédible qui repose sur la qualité du service, la qualité et la philosophie de la cuisine, la sincérité et l'authenticité qui s'en dégage, la qualité de la relation avec le client sur le plan de l'accueil et du feedback. Alors, bien sûr, le cadre est agréable et offre un superbe point de vue sur la vallée de la Somme. La salle de restaurant est très agréable et lumineuse avec ses grandes baies vitrées donnant sur une terrasse carrelée. Mais là aussi, soyez irréprochables : les nombreuses empreintes de doigt sur les carreaux et la déjection d'oiseau qui est venue s'écraser sur la vitre, nettoyez-les ! La propreté, ça fait aussi partie du standing d'un restaurant. 3 est donc finalement une note très très indulgente. Alors, on nous a offert spontanément un nectar de rhubarbe, une boisson sans alcool, locale paraît-il. Elle était bonne. Mais ça ne rachètera jamais les erreurs philosophiques relevées, l'incohérence, l'incompétence, l'ignorance et l'impression dévastatrice dans l'esprit du client. C'est dommage car j'aurai aimé valoriser le travail d'un autodidacte. Alors refondez-vous ! Reformez-vous ! Prenez de la hauteur et donnez du vrai sens à votre cuisine, pas simplement un vernis pour donner l'impression qu'il y a une conscience.Je ne reviendrai pas mais bonne chance à vous quand même."
